SANNI KADDU : A LA REDECOUVERTE DU DISCOURS FEMINISTE AU SENEGAL

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2011

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Abstract

Senegalese feminism of today has started a very long an arduous debate. Some critics are theorizing that there is no feminist theory in Senegal. Others will go even further, stating that given the absence of a feminist theory, it would be difficult to speak of true feminism in Senegal. However, a fairly thorough search brings us to the following conclusion: Senegalese feminism is a hybrid. It is between the mainly Nigerian, African feminism and French or Western feminism of the 1970s. In the field of literature it is akin to post-colonialism. Aminata Ndiaye, a young Senegalese writer said in an interview with the women's journal Amina that in terms of feminism, Senegal is still fifty years behind France. This is quite shocking, but completely correct. In terms of progress and theories, Senegal is still under the French influence. In addition, the lack of more recent theories to which many Senegalese feminists can identify with causes them still to refer to Simone de Beauvoir.

This dissertation intends to take a look at these findings; it also intends to shed a light on Senegalese traditionalist practices while going to the rediscovery of feminism in Senegal. During our research, we have found it necessary to rename Senegalese feminism that we named famillisme in so far as it invites both men and women to remedy a situation which is far from ennobling women. It is therefore an invitation to best love Senegalese women in order to enhance unity and family welfare.

We have identified two groups of feminists in Senegal. The first group, mainly composed of illiterate people, is concerned with the revolutionary aspect, i.e. protest campaigns, propaganda and awareness campaigns. They were designed to "wake up" their sisters to come out of their torpor. Their movement is reminiscent of the French Revolution. The second group, which is the main focus of the second part of this study, is the heart of famillisme.  It consists of the intellectual elite and their take on the theoretical aspects of feminism and the dissemination of information through writing.  This group consists both of exiles like writer Ken Bugul who will be the subject of the first part of this thesis. Other writers like Aminata Sow Fall remained in Senegal. They deplore and denounce the injustices through their writings. Ken Bugul, because of her status as an exiled writer, seems less worried about censorship of the Senegalese society which requires a measure of restraint on the part of women. She uses madness as a feminist weapon to combat patriarchal traditionalism. Her speech is full of indecent assaults and devoid of the euphemisms that are found in the writings of Aminata Sow Fall which advocate a fair sharing of roles and tasks between men and women for an improved universal status of women.   

A quite singular aspect which appears to be unique to the famillisme is the active involvement of feminist men in the liberation of women from patriarchal domination. Sembène Ousmane, who is rather known as the father of African Cinema is the feminist par excellence. His movie Moolaadé appears to be a nod to the concept of male domination of Bourdieu but with women in power. In giving us an overview of female domination in his last film Moolaadé whose analysis will close this dissertation, Sembène takes us to night school through his cinema. He shows one of the most disturbing of cultural and Islamic traditions in Senegal: female genital mutilation. Excision is the main theme which highlights the takeover of an extraordinary woman against a domineering patriarchal traditionalist society.

Our study will follow these three pioneers of the famillisme or feminist discourse and their feminist roles in Senegal where women - traditionally standing in a circle as spectators - patiently await that the group of men sitting under the palaver tree enables them to "throw their voice/sanni kaddu" once the debate has ended.++++++ Le féminisme sénégalais de nos jours a fait couler beaucoup d'encre. Certains critiques théorisent qu'il n'y a pas de théorie féministe au Sénégal. D'autres iront plus loin, déclarant qu'étant donnée l'absence d'une théorie féministe, il serait difficile de parler de vrai féminisme au Sénégal. Cependant, une recherche assez poussée nous amène à la conclusion suivante: le féminisme sénégalais est hybride. Il se trouve à cheval entre le féminisme africain, principalement nigérian, et le féminisme français ou occidental des années 1970. Sur le plan littéraire il s'apparente au postcolonialisme.

Aminata Ndiaye, une jeune écrivaine sénégalaise constate dans une interview avec le journal féminin Amina qu'en matière de féminisme, le Sénégal est toujours cinquante ans derrière la France. Cette remarque est assez choquante, mais tout à fait correcte. Le wagon du Sénégal est toujours à la remorque de la locomotive française. En plus, le manque de théories plus récentes auxquelles elles peuvent s'identifier fait que beaucoup de féministes sénégalaises font toujours référence à Simone de Beauvoir. Cette thèse se donne comme but de jeter le regarder sur ces constats, d'y jeter la lumière tout en allant à la redécouverte du féminisme au Sénégal.

Au cours de nos recherches, nous avons trouvé nécessaire de rebaptiser le féminisme sénégalais que nous avons nommé famillisme dans la mesure où il invite aussi bien les hommes que les femmes à remédier une situation qui est loin d'ennoblir la femme et de la mieux aimer afin de parfaire l'unité et le bien-être familial.

Nous avons identifié deux groupes de féministes au Sénégal: les analphabètes qui s'occupent de l'aspect révolutionnaire, c'est-à-dire les campagnes de protestation, les propagandes et les campagnes de sensibilisations. Elles ont pour but de « réveiller » leurs soeurs afin de les sortir de leur torpeur. Elles ne manquent de nous rappeler les françaises de la Révolution. Le deuxième groupe auquel s'intéresse cette présente étude constitue le coeur du famillisme. Il est constitué de l'élite, les intellectuelles qui s'occupent de l'aspect théorique et de la dénonciation à travers l'écriture. Ce groupe est constitué à la fois d'expatriées comme l'écrivaine Ken Bugul qui sera l'objet de la première partie de cette thèse, d'écrivaines restées au Sénégal qui, comme Aminata Sow Fall, subissent les injustices qu'elles constatent, déplorent et dénoncent grâce à leur plume. Ken Bugul, du fait de sa situation d'exilée, semble moins se préoccuper de la censure de la société sénégalaise qui exige une certaine retenue de la part des femmes. Elle utilise la folie comme arme féministe de lutte contre le traditionalisme patriarcal. Son discours est dépourvu de la pudeur que l'on retrouve chez l'écrivaine du terroir Aminata Sow Fall qui suggère un partage équitable des rôles et des tâches et une amélioration du statut universel de la femme.

Un aspect assez singulier qui semble être propre au famillisme est la participation active des hommes féministes à la libération des femmes du joug patriarcal. Sembène Ousmane, qui est plutôt connu comme le père du cinéma africain est le féministe par excellence. Il semble faire un clin d'oeil à La domination masculine de Bourdieu en nous donnant un aperçu de la domination féminine dans son dernier film Moolaadé dont l'analyse clôturera cette thèse. Sembène nous amène à l'école du soir qu'est le cinéma pour nous montrer une des tares de la tradition culturelle et islamique au Sénégal : les mutilations génitales. L'excision en est le thème principal qui met en exergue la prise de pouvoir d'une femme extraordinaire contre une société traditionaliste patriarcale dominatrice.

Notre étude suivra ces trois pionniers du famillisme ou discours féministe et leurs oeuvres à la recherche du féminisme au Sénégal où les femmes --traditionnellement debout en cercle comme des spectatrices-- attendent patiemment que le groupe des hommes assis sous l'arbre à palabres leur permette de « jeter leur voix/sanni kaddu» une fois le débat terminé.

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